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- Restauration du Belem
Le parti pris de restauration a été de conserver, de restaurer et de mettre en valeur les éléments existants issus des trois périodes de référence : bâtiment de commerce français, yacht anglais, navire école italien.
Ceci en intégrant au mieux l'équipement nouveau lié aux nécessités réglementaires de bateau navigant.
A l'origine, le BELEM était destiné à transporter des marchandises.
La stabilité du navire était assurée par sa cargaison, ou par le lest lorsque les cales étaient vides.
Quand le bateau fut transformé en yacht, du fait des aménagements réalisés sur le pont et de la vacuité des cales, l'équilibre du bateau se trouva modifié.
Pour rendre au BELEM ses qualités nautiques, on rabaissa le centre de gravité à l'aide de béton coulé dans les fonds du navire et de gueuses de fonte.
Une coque de navire est constituée d'une ossature d'acier (membrures, varangues, cloisons, lisses, carlingues, barrots) qui lui donne sa rigidité et supporte la peau étanche (bordée).
Une partie de la structure noyée dans le béton était devenue inaccessible pour toute surveillance ou réparation.
La seule façon de savoir dans quel état se trouvait la structure du navire dans ses parties recouvertes de béton fut donc d'éliminer celui-ci.
Le béton s'étendait sur tout le fond de la coque depuis l'avant du compartiment machine jusqu'à la cloison du peak avant et atteignait au centre du navire une épaisseur d'environ 80 cm.
La seule solution consistait à découper le fond de la coque entre les membrures et à casser le béton.
La structure du navire apparue alors fortement corrodée.
Les différents acteurs prirent alors la décision de reconstituer une structure et un fond neuf.
C'est ainsi qu'au cours de trois campagnes successives de travaux, s'échelonnant de 1988 à 1990, tout le fond du BELEM a été remplacé de la cloison machine à la cloison arrière de la voilerie.
Puis, 1992 et 1993 ont vu les premières interventions sur la carlingue centrale (colonne vertébrale du navire) dont le remplacement se poursuivra au cours des années à venir, alors que les travaux concernant la sécurité immédiate sont exécutés sans délais.
Par ailleurs, le BELEM est un navire construit par rivetage et non comme cela se fait actuellement par soudure.
Un rivet a pour fonction d'assembler deux éléments de tôle en les serrant l'un contre l'autre entre des têtes proéminentes.
Côté mer, la corrosion au fil des ans fait son œuvre et la tête de rivet s'amenuise peu à peu. Si la tête disparaît complètement, le serrage est annulé. Il faut donc reconstituer la tête de rivet, ce que l'on appelle "couronner les rivets ".
Sur le BELEM, 25 000 rivets ont été couronnés.
Il n'était pas possible de remplacer à l'identique les parties de coque en mauvais état : le métier de riveteur a disparu des chantiers navals et, même si l'on avait pu imaginer de le ressusciter, le coût de réalisation aurait été prohibitif.
La reconstitution a donc été envisagée selon les procédés actuels qui utilisent la soudure mais en respectant la conception d'origine de la structure.
Les parties arrières et extrêmes avant du navire qui n'ont pas été abîmées restent dans leur état initial.
Ce sont les plus intéressantes, celles où les formes sont les plus travaillées et les structures les plus complexes.
Le BELEM, qui a su s'adapter à chaque époque de son histoire, est aujourd'hui armé en navire école civil.
Ouvert à tous, avec sa capacité d'accueil maximum de 48 stagiaires, il permet de renouer avec la véritable culture maritime du Grand Long-cours à voile et de naviguer sur l'unique rescapé français de ces glorieux navires à phares carrés, dont les marins sont encore de nos jours cités en exemple.
Au cours d'un embarquement (3 à 10 jours en Manche, en Atlantique, en Méditerranée), les stagiaires s'initient par petits groupes de 5 à 6, sous la conduite d'instructeurs spécialisés (inscrits maritimes), à toutes les disciplines du bord: barre, matelotage, manœuvre des voiles, navigation de jour et de nuit, point de vue de terre et au large, navigation astronomique, sécurité et travaux de la vie quotidienne du navire.